25-11-2023
Dans les pays en voie développement, l’accès aux soins de santé reste un défi chronique que les gouvernements et les partenaires au développement tentent de résoudre tant bien que mal depuis plusieurs décennies. Cependant, le chemin semble être très long pour plusieurs raisons.
L’Organisation mondiale de la santé (OMS) et la Banque mondiale viennent de publier conjointement l’édition 2023 du Rapport mondial de suivi de la couverture sanitaire universelle (CSU), qui révèle une stagnation alarmante des progrès réalisés pour offrir aux populations du monde entier des soins de qualité, des soins de santé abordables et accessibles.
Le rapport 2023 indique qu’au cours des deux dernières décennies, moins d’un tiers des pays ont réussi à améliorer la couverture des services de santé et à réduire les dépenses de santé catastrophiques. En outre, la plupart des pays pour lesquels des données sont disponibles sur les deux dimensions de la CSU (96 pays sur 138, soit 70 %) ne réalisent pas les progrès escomptés en termes de couverture des services ou de protection financière, ni même sur ces deux aspects.
Le sous financement de santé, un talon d’Achille.
Le système de santé du Burundi est largement sous-financé et fortement dépendant du financement extérieur. A titre d'illustration, les dépenses totales de santé (2012) sont de 26 US$ par habitant alors que l'OMS recommande 44 US$. La part de la santé dans les dépenses publiques est inférieure à 10 %, alors que l'engagement de la Déclaration d'Abuja est de 15 %.
D’ajouter, l’accès et l’utilisation d’assurance santé au Burundi reste un défi majeur. De ce fait, le financement direct des soins de santé soumet les ménages à des coûts de soins médicaux exorbitants, en particulier ceux du secteur informel (pour la plupart non couverts par une assurance en raison de leurs faibles revenus). Actuellement, plus de 70% de la population burundaise ne bénéficie pas d’une assurance maladie. Cela signifie que seulement environ 30 % de la population est couverte en termes de soins de santé de qualité.
De la pauvreté nosocomiale ?
Pour la plupart des ménages, les coûts de santé constituent une lourde dépense. JP est un commerçant informel de MUYINGA, en juin 2023, il y a fait une chute qui a occasionné une fracture de sa jambe. Pour se faire soigner, il devrait se rendre à Bujumbura dans une structure spécialisée, ce qui a laissé sa famille dans les dettes exorbitants : « Mon infirmité nécessitait une prise en charge chirurgical, malheureusement ma Carte d’Assurance Maladie : CAM, ne pouvait pas payer les factures des soins chirurgicaux. Pour sauver ma jambe, il fallait une somme de 10 millions BIF, environ 3000 USD », explique-t-il.
Malheureusement, son business et la totalité de son épargne ne pouvait pas même couvrir la moitié de la facture médical, JP a dû vendre une partie de sa parcelle et hypothèque sa maison pour recevoir une dette chez les particuliers. Actuellement, il a fermé son petit business, et fait des petits boulots pour joindre les deux bouts du mois.
Certes, les politiques publiques du Burundi ont instauré des mesures qui facilitent l’accès aux assurances maladies pour les personnes à revenu limité ; nonobstant, ces cartes couvrent le minimum de soins dans des structures moins spécialisées exclusivement publiques. Pour réussir la couverture des soins, les politiques doivent référer leurs investissements au contexte et aux besoins locaux en ouvrant de plus en plus le secteur de santé ; en permettant le choix de la population et en décentralisant les services de santé et d’assurances.
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