07-04-2025
Au Burundi, le financement des soins de santé repose en grande partie sur les paiements directs effectués par les ménages, ce qui représente un fardeau financier considérable pour la population. Selon l'Annuaire Statistique Sanitaire de 2018, les ménages contribuent à hauteur de 112 771,17 millions BIF, soit 28,27 % des dépenses courantes de santé, tandis que l'administration publique couvre 27,82 % avec un financement de 110 995,51 millions BIF.
Des chiffres…
Cette dépendance aux paiements directs expose les ménages à des risques financiers élevés. Une étude menée dans la province de Karuzi a révélé que 25,9 % des ménages ont dû s'endetter ou vendre des biens pour couvrir les frais médicaux, les plaçant ainsi dans une situation d'appauvrissement. De plus, 14,5 % des ménages ont rencontré des obstacles financiers les empêchant d'accéder aux soins de santé nécessaires. ?
Malgré la mise en place de mécanismes tels que la gratuité des soins pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes, ainsi que la Carte d'Assistance Médicale (CAM), la couverture reste insuffisante. En 2016-2017, seulement 22 % de la population bénéficiait d'une couverture médicale, laissant une majorité sans protection financière adéquate. ?
Les autorités burundaises ont élaboré une stratégie de financement de la santé visant à instaurer une couverture sanitaire universelle. Cette réforme prévoit la création d'un système obligatoire et contributif, avec un fonds commun pour les secteurs informel et rural, afin de mutualiser les ressources et améliorer l'accès équitable aux soins. ?
Cependant, des défis subsistent, notamment la fragmentation du système de financement et la dépendance aux financements externes. En 2021, les dépenses de santé représentaient 8,4 % du PIB, avec 24,5 % de ces dépenses provenant des paiements directs des ménages. ?
Des pistes de solutions
Pour alléger le fardeau financier des ménages, il est essentiel de renforcer les mécanismes de protection sociale et d'augmenter la part du financement public dans le secteur de la santé. Une meilleure coordination entre les différents acteurs et une gestion efficiente des ressources disponibles sont également cruciales pour assurer un accès universel et équitable aux soins de santé au Burundi.
Au Burundi, l'implication du secteur privé dans le financement et la prestation des soins de santé peut constituer un levier essentiel pour soulager les ménages du poids écrasant des paiements directs. Pour y parvenir, il est nécessaire de mettre en place des partenariats public-privé structurés qui permettent au gouvernement et aux entreprises privées de cofinancer la construction et la gestion des infrastructures sanitaires, tout en partageant les risques. Le gouvernement pourrait aussi accorder des incitations fiscales aux entreprises investissant dans la santé, notamment celles qui soutiennent l’équipement des centres médicaux, la formation du personnel ou les campagnes de prévention. De plus, le développement d’assurances santé privées ou communautaires, adaptées aux populations à faibles revenus, offrirait une alternative viable aux ménages aujourd’hui exclus du système de protection sociale.
Le secteur privé peut également jouer un rôle moteur dans l’innovation à travers des solutions numériques telles que la téléconsultation, la gestion informatisée des dossiers médicaux et les systèmes de suivi des patients. À cela s’ajoute la responsabilité sociétale des entreprises (RSE), qui peut être canalisée vers des actions concrètes comme le financement de dispensaires, la dotation en matériel médical ou le soutien aux populations vulnérables. Un fonds commun de santé public-privé pourrait aussi être institué pour mutualiser les ressources et financer les soins de base pour les plus démunis. Cette approche inclusive et collaborative renforcerait non seulement la résilience du système de santé, mais contribuerait aussi à une croissance équitable et durable du pays.