29-03-2024
Pour s’enrôler dans la carrière d’Hippocrate, un concours de sélection est organisé par le ministère de la santé publique et de la lutte contre le sida en partenariat avec celui de l’éducation. De ce test 300 meilleurs sont choisi selon la note reçus dans le concours et sont répartis comme suit : Le top 100 est automatiquement affecté à l’université du Burundi, bénéficient la bourse publique et sont exempté des frais de scolarité, les 200 qui restent peuvent s’inscrire à volonté dans deux université privée à savoir l’université de NGOZI et Université Espoir d’Afrique qui sont tous localisé à Bujumbura actuellement.
Pourquoi avons-nous peu de médecins ?
Faisons un petit exercice rapide pour concrétiser notre réflexion. Prenons une promotion de 300 étudiants retenus, 100 qui sont affectés à l’université publique rejoignent tous la faculté. En raison du manque de moyens financiers, les universités privées sont moins fréquentées, à l’université de NGOZI, la moyenne de fréquentation par promotion par classe en ce moment que j’écris cet article environne 50 étudiants par classe et celle de l’université Espoir d’Afrique ne dépasse pas 30 étudiants. Donc en moyenne par promotion nous avons 180 étudiants au maximum qui intègrent la médecine chaque année au lieu de 300 sélectionnées.
Ensuite pour finir ensemble notre exercice, nous allons soustraire dans les 180 qui arrivent à démarrer dans la faculté de médecine le ceux qui abandonnent à mi-chemin pour des raisons multiples et ceux qui redoublent, prenons une forfait de 10% donc 18 étudiants. En faisant cette réflexion mathématique 162 lauréats arrivent à terminer la faculté de médecine au Burundi. Parmi eux, il y a ceux qui vont continuer les études de spécialisation ailleurs, d’autres dans les postes administratifs ou dans d’autres activités autres que la consultation médicale. D’où il est difficile de savoir le nombre exact de nouveaux médecins qui pratiquent au Burundi chaque année.
La médecine est une vocation qui coute les yeux de la tête
La médecine nécessite plusieurs années d’études par rapport aux autres facultés disponibles dans le pays, auxquelles s’ajoutent les stages de formations pratiques dans les grands hôpitaux nationaux. Ceci nécessite une grande concentration et une grande vocation pour n’est pas dévié à mi-parcours.
Pour tenir le coût, la vocation ne suffit pas, car il faut des moyens financiers importants surtout dans les universités privées tant que publiques : « Pour tenir chaque année, ma famille dépense une sommes colossales. 850 000 fbu pour frais de scolarité et 500 000 fbu pour les stages chaque année s’ajoute les frais de déplacements, location et ration dans la ville de Bujumbura qui est extrêmement chère », explique Landrine IRAKOZE, étudiante en 5ème année, à l’université de NGOZI. Ce cas n’est pas isolé, suite à des contraintes économiques de sa famille Samuel BIGIRIMANA a ralenti deux ans, quant à Egide NIRERA, il a dû changer de faculté au cours de son cursus faute de moyens.
Libéralisation et ses atouts !
Le prêt-bourse octroyé par le gouvernement est de loin à répondre aux besoins des étudiants ; même ceux qui sont dans l’université publique n’arrivent pas à joindre les deux bouts du mois et ceci affecte leur éducation en même temps. Ce qui fait que certains étudiants se retirent précocement de la faculté, de plus peu de familles burundaises peuvent aborder les frais académiques de la médecine dans une université privée en raison du contexte de la pauvreté qui règne au Burundi (plus de 60% vivent en dessous de 1 USD par jour).
Si le Burundi opte à libéraliser la faculté de Médecine, les investisseurs privés et les banques peuvent mettre en place des crédits qui pourront être remboursés à la fin d’études et accessibles pour tous et à temps à l’instar du prêt publique qui premièrement est insuffisant et arrive beaucoup en retard.
Pour augmenter le nombre des lauréats de la médecine, il faudra réduire les barrières juridiques et autres régulations surtout dans les universités privées qui enregistre actuellement un nombre restreint d’étudiants, il faut compenser le nombre de ceux qui ne s’inscrivent pas pour atteindre le maximum en utilisant la liste des étudiants qui ont passé le concours afin de réaliser au moins 300 étudiants par promotion.
Ceci permettra en effet de juguler la pénurie des médecins au Burundi et de diminuer les contraintes par rapport aux médecins qui partent prester dans d’autres pays autre que le Burundi. Au contraire, plus les médecins seront rares, plus la santé et le bien être de population restera longtemps un facteur qui handicap le développement en général.
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