23-09-2024

Le 12 septembre 2024, un rapport de la commission permanente des affaires sociales, du genre, du rapatriement, de l’égalité des chances et de la lutte contre le Sida a été présenté à l’hémicycle de Kigobe. Ce rapport faisait suite à une descente effectuée dans toutes les provinces et à Bujumbura en mars et mai 2024 pour évaluer les prestations de la Mutuelle de la Fonction publique. Les discussions ont mis en lumière la pénurie de médicaments et la flambée des prix.

Pour mieux comprendre cette problématique, il suffit de se rendre dans un hôpital public ou de chercher un médicament cher avec un bon de la mutuelle de la fonction publique. « Après une prescription chez mon médecin traitant, je me suis précipitée dans la ville de Bujumbura pour récupérer mes médicaments dans une pharmacie partenaire de la mutuelle. Malheureusement, le pharmacien ne pouvait pas me les fournir, prétextant que le médicament était indisponible. C’est finalement mon mari qui a dû payer de sa poche après avoir fait un long tour dans plusieurs pharmacies sans succès », déplore KS, fonctionnaire publique.

MFP et CAMEBU : un couple incompatible ?

La Mutuelle de la Fonction Publique (MFP) et la Centrale d'Achat des Médicaments Essentiels, Dispositifs Médicaux et Produits de Laboratoire du Burundi (CAMEBU) sont les deux grandes institutions publiques qui détiennent le monopole du système sanitaire burundais. La MFP se charge de l’assurance maladie, tandis que la CAMEBU s’occupe de l’importation et de la distribution des médicaments.

Pour que les bénéficiaires de la mutuelle puissent être servis, la CAMEBU est la seule à pouvoir fournir ces médicaments, que ce soit à l’hôpital, au centre de santé ou dans une pharmacie. Cependant, un conflit d'intérêts entre ces deux institutions freine le processus. Par exemple, en 2023, la mutuelle avait demandé à la CAMEBU 48 220 médicaments, alors qu'elle a utilisé 67 359, soit un surplus de 40 %. Ce manque de produits entraîne des spéculations et une distribution inadéquate, condamnant les patients à payer directement leurs médicaments au lieu de les faire couvrir par leur mutuelle, d’où une double taxation.

Des pistes de solutions.

Le principe du marché libre repose sur la loi de l’offre et de la demande. En cas de rupture de cet équilibre, les conséquences deviennent un fardeau pour le client, et cette rupture est souvent le résultat de l’ingérence ou inefficacité publics. Pour remédier à ces pénuries et à l’inflation systématique, le gouvernement doit impliquer significativement le secteur privé tout en se limitant à protéger les droits des patients. Chaque monopole raréfie les produits, ce qui conduit à une inflation.

De plus, le Burundi importe plus de 95 % de ses médicaments. Libéraliser ce secteur permettrait de diversifier l'offre et d'accroître la disponibilité des produits médicaux, tout en favorisant l'innovation et l'investissement dans l'industrie pharmaceutique moderne par des acteurs privés.

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