29-08-2024

Le Gouvernement burundais a adopté à travers le Décret n°100/136 du 16 Juin 2006, révisé en 2010, portant mesure présidentielle de subventionner les soins de santé offerts aux enfants de moins de 5 ans, aux femmes enceintes et à celles qui accouchent dans la formation sanitaires publiques et assimilées. Cette loi visait à éliminer les obstacles financiers pour les familles les plus vulnérables, en offrant des consultations médicales, des soins hospitaliers et des accouchements sans frais. L’objectif est noble : améliorer l’accès aux soins pour les segments les plus démunis de la population et promouvoir une meilleure santé maternelle et infantile.

Cependant, la mise en œuvre de cette réforme se heurte à des obstacles importants. La situation sur le terrain révèle un écart préoccupant entre la politique annoncée et la réalité quotidienne. Les hôpitaux publics, censés être les bénéficiaires directs de cette politique, sont souvent confrontés à des pénuries de médicaments. Même les statistiques ne sont pas précises, la quasi-totalité des établissements de santé publics au Burundi souffrent de cette pénurie, avec des stocks insuffisants pour couvrir les besoins des patients. Cette crise de l’approvisionnement pousse de nombreux patients à se tourner vers des pharmacies privées, ce qui annule en partie les bénéfices de la gratuité des soins.

Le bémol….

Prenons l'exemple de Christine, une mère de deux jeunes enfants vivant à Bujumbura. Lorsque sa fille de 3 ans est tombée gravement malade, Christine s'est rendue à l'hôpital public le plus proche, espérant bénéficier de la couverture gratuite des soins. Malheureusement, l'hôpital était en rupture de stock de nombreux médicaments essentiels. En l'absence de médicaments disponibles sur place, Christine a été contrainte de se rendre dans une pharmacie privée pour acheter les médicaments prescrits par le médecin. Le coût total des médicaments a dépassé 350 000 francs burundais, une somme considérable pour une famille à faible revenu. Cette situation a mis Christine dans une position financière difficile, forçant la famille à se serrer la ceinture pour couvrir ces frais imprévus.

Un autre cas poignant est celui de Pierre, un jeune père dont la femme enceinte, Aline, a dû être hospitalisée en raison de complications lors de sa grossesse. L’hôpital a recommandé une série de tests et d'examens paracliniques pour surveiller la santé de l'enfant à naître et la mère. Ces examens ne sont pas couverts par la gratuité des soins, laissant Pierre dans l’obligation de payer pour ces services. Les frais pour les tests se sont élevés à 270 000 francs burundais, un montant qui a épuisé une partie importante de ses économies. Pierre a expliqué que, malgré la gratuité annoncée des soins pour les femmes enceintes, les coûts des examens ont fait peser une pression financière énorme sur la famille.

Faut-il réorganiser la politique de gratuité ?

Plusieurs exemples illustrent bien les défis rencontrés par les patients face à la pénurie de médicaments dans les hôpitaux. Bien que la politique de gratuité des soins vise à alléger le fardeau financier des familles vulnérables, les pénuries de médicaments et les coûts non couverts pour les examens paracliniques contrecarrent en grande partie cet objectif. Les familles se retrouvent donc dans une situation où elles doivent financer elles-mêmes des soins qui devraient, en théorie, être gratuits.

Pour remédier à cette situation, il est crucial que le gouvernement et les responsables de la santé publique mettent en place des mesures pour garantir un approvisionnement adéquat en médicaments dans les hôpitaux publics et élargir la couverture des services de santé, y compris les examens complémentaire. De plus, simplifier les procédures administratives pour obtenir les bons de gratuité et renforcer la transparence dans la gestion des ressources de santé pourrait aider à améliorer l'accès aux soins pour les populations les plus vulnérables. Seule une approche holistique pourra véritablement réaliser les objectifs de la réforme et assurer une couverture équitable des soins de santé pour tous.

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