13-08-2024
Prenons un exemple concret : au début du mois d’août, un des grands hôpitaux nationaux de Bujumbura a publié les nouveaux tarifs des services de radiographie. Parmi une liste d’une vingtaine d’examens radiographiques, deux cas sont particulièrement frappants. Le prix de la radiographie du thorax et celui de la radiographie du genou ont été doublés, passant respectivement d’environ 27 000 BIF à 68 000 BIF, soit une flambée de plus de 150 %.
Le calvaire des patients
Face à ces hausses de prix, deux questions se posent : comment un patient gagnant moins d’un dollar par jour peut-il se permettre un examen de routine à 30 dollars ? Quand le Burundi mettra-t-il en place une couverture santé universelle alors que plus de 86 % de la population n’a aucune assurance santé ?
Pour mieux comprendre cette situation, j’ai visité plusieurs hôpitaux. MK, qui doit effectuer des radiographies thoraciques de contrôle chaque semaine, se voit contraint de mobiliser des fonds au sein de sa famille ou de s’endetter auprès de ses amis. « Les factures de santé deviennent de plus en plus exorbitantes. En plus des médicaments qui se raréfient dans les pharmacies et deviennent de plus en plus chers, les examens para-cliniques aggravent encore la situation. Aujourd’hui, il est difficile de couvrir les frais de soins de santé sans s’endetter ou dépenser une grande partie de ses économies », explique-t-il.
Pour le Dr BD, médecin consultant à Bujumbura, le manque d’examens complémentaires dus à des ressources insuffisantes empêche parfois de poser des diagnostics adéquats à temps, ce qui impacte la prise en charge des patients. Cette situation explique d’ailleurs les prises en charge tardives de certaines pathologies.
Le chemin est encore long…
Le système sanitaire du Burundi est l’un des plus fragiles au monde, avec des ressources limitées et une domination écrasante du secteur public. Pour construire un système de santé performant, le pays des tambours doit encourager les investissements dans ce domaine afin de faire face au monopole, à la spéculation et aux pénuries croissantes qui affectent les produits et les services de santé.
Pour y parvenir, le gouvernement doit inclure significativement le secteur privé dans le marché des soins de santé et relancer le fonctionnement adéquat des assurances publiques et privées. Cela inciterait la population à participer davantage à la couverture des soins de santé au Burundi.
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