10-11-2023
Le marché du médicament est un secteur très rentable. Il suscite donc la convoitise de plusieurs intervenants : le secteur public, le secteur privé et le secteur associatif. Le domaine est vaste et les cas de mauvaise gestion voire de malversation sont légions.
Actuellement, le secteur public est dominé le marché par la CAMEBU (centrale d’achats des médicaments essentiels au BURUNDI) qui joue un monopole pour l’approvisionnement des structures publiques en médicaments essentiels : les structures publiques ont l’obligation de s’approvisionner exclusivement à la CAMEBU. Le recours aux structures privées (grossiste ou détaillant) est autorisé par le MSPLS après un visa de la CAMEBU qui atteste la non disponibilité du produit. La CAMEBU s’approvisionne en médicaments essentiels par appel d’offres local et international. Les délais de procédures de commande qui sont, en théorie de 120 jours, atteignent le plus souvent 8 mois, ce qui expose aux ruptures de stocks à tous les niveaux !
De plus le dysfonctionnement se répercute en boule de neige sur les structures sanitaires du Burundi qu’elles soient associatives ou publiques. La CAMEBU souffre de son statut qui ne lui accorde pas de facilités dans ses approvisionnements. Par ailleurs, la CAMEBU établit ses commandes à partir des ventes et non des besoins du terrain par manque de rétro-information. Il en résulte parfois des péremptions exagérées, des sous ou surévaluation des importations qui privent les structures périphériques et donc de patients de produits moins chers.
Un secteur périphérique défaillant
Le secteur intermédiaire et périphérique est constitué d’Hôpitaux de référence, de CDS public, privé et associatif dont la coexistence pose parfois des problèmes de conflits d’intérêt, des abus dans les prescriptions, des abus dans la gestion des médicaments, de manque ou de mauvaise supervision, d’incompétence pour les prescripteurs notamment le faible niveau de formation des infirmiers A3 qui tiennent encore le CDS. Les Pharmacies rurales et les dispensaires privés, quoique autorisés par le MSPLS, et malgré un manuel de standardisation ne remplissent parfois aucune norme.
Ils sont une source de désordres par leur nombre élevé et les difficultés de supervision par les DS qui sont eux-mêmes surchargés par le travail administratif et de soins.
Au sommet de la pyramide sanitaire se trouve l’autorité de régulation. Mais elle n’a pas les moyens ni d’ailleurs de texte lui permettant d’assurer sa mission. Au sommet de la pyramide des structures sanitaires se décident également les affectations budgétaires : ce travail a montré que le système sanitaire burundais est en danger imminent si les arriérés de l’Etat ne sont pas versés aux structures de soins. Enfin : la compétence, le civisme et la planification semblent être des vertus indispensables pour une bonne gouvernance dans le secteur de la santé.
À mon humble avis, le monopole publique sur l’importation des médicaments au Burundi engendre des pénuries chroniques des médicaments dans presque toutes les structures sanitaires. La libéralisation du marché des médicaments pourrait permettre l’attraction des capitaux privées et de booster la gamme des produits importés, ce qui faciliterait par ricochet la disponibilité des médicaments en luttant contre les ruptures chronique des stocks.
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