12-12-2023

Faire passer le chameau par le chas d’une aiguille ?

Imaginez-vous un étudiant talentueux originaire d'une région éloignée du Burundi après des efforts intenses à la préparation du concours d'entrée en médecine, se voit confronté à l'impossibilité de financer ses études dans une université privée. Son talent est mis de côté, faute de moyens financiers, laissant le pays privé d'un futur professionnel de la santé compétent.

Au Burundi, le nombre d'écoles de médecine est restreint, avec seulement 3 établissements formant des médecins jusqu' en 2022. Un autre établissement a vu le jour en 2023. Cette limite rend difficile l'accès à la formation médicale pour ceux qui viennent des régions éloignées du Burundi. Certains des étudiants qui ont réussi le concours d’entrée en médecine qui n’ont pas pu avoir la note leur permettant de faire l’Université du Burundi où la formation est gratuite, surtout pour ceux qui viennent de l’intérieur du pays préfèrent s’orienter dans d’autres filières car ils ne sont pas capable de remplir tous les exigences des universités privées surtout les frais académiques payés sur une longue durée qui ne sont pas abordables pour tous.

De plus, survivre dans la ville la plus chère de notre pays en payant les loyers, les denrées, les déplacements ainsi que beaucoup d'autres dépenses exigent des moyens financiers importants. Comme conséquence le nombre orienté dans les universités privées n'est jamais atteint ce qui crée un déséquilibre entre l'offre et la demande de médecins.

L’exportation des cerveaux médicaux, un bémol!

« Le départ massif des médecins affaiblit notre capacité à garantir une santé de qualité pour tous." - Amartya Sen
Le départ des médecins, que ce soit généralistes où spécialistes à l’étranger est une réalité. Mardi 19 septembre, Dr Sylvie NZEYIMANA, ancienne ministre de la santé a signalé que l’enquête menée dans 80 hôpitaux a montré que 130 médecins avaient quitté le pays en trois ans. Ce départ énorme rajouté au nombre insuffisant des médecins dans le système sanitaire tire un trait sur un vide dans les différentes institutions sanitaires du pays. Et c'est la population burundaise qui sera à la torture. Certains Burundais trouvent cette situation effrayante, car ils redoutent de devoir se rendre à l'étranger pour accéder à des soins de qualité. D'autres, qui ne pourront pas se le permettre, risqueront de devoir se contenter de services de santé précaires.

Pourquoi cette déroute ?

Une fois diplômés, les médecins au Burundi sont souvent confrontés à de grandes exigences et à des conditions de travail difficiles qui se rajoutent à une rémunération mince. Le salaire de base d’un médecin généraliste est trop petit, en ce qui concerne le salaire net, il est estimé en fonction des primes et indemnités qui se modifient en fonction de l’endroit où le médecin pratique.

Imaginons les conditions de travail d'un médecin qui est envoyé pour exercer dans un hôpital communal où il n'y a généralement pas de moyens de diagnostic ni de médicaments essentiels. Dans de tels cas, le médecin ne fait que des références vers des structures où l'on peut prendre en charge le patient. Quel sera alors l'impact sur la carrière de ce médecin dans de telles conditions de travail? Certains préfèrent fuir ces conditions pour exercer dans un milieu favorable où ils peuvent avoir au moins le minimum nécessaire pour travailler.

Alors que tout en engagement pour éradiquer cette triste réalité de l'accès difficile à la formation médicale et au départ des médecins tourne en rond, il est difficile de ne pas se demander quelles pensées habitent l'esprit des étudiants courageux qui se lancent dans cette noble quête. Vous saurez si à la fin de leurs études, malgré les défis et les difficultés, se trouve la graine de la résilience, prête à fleurir dans la pratique de soins de santé empreints de compassion et de l’héroïsme.

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